ACADIENS ET CAJUNS

Publié le par Leclerc

ACADIENS ET CAJUNS

 

Un certain jour de septembre 2001, lorsque nous débarquons à HALIFAX,  en Nouvelle Ecosse, nous n’avons pas une grande connaissance de cette région et encore plus de ce pays.

Première fausse idée, nous supposions arriver dans un pays  dit bilingue (anglais/français)   la réalité est toute autre.

 

La répartiton  des francophones au Canada est très variable  elle est grosso modo de 81 % au Québec, 33 % au Nouveau Brunswick , 4,5  % en Ontario, et comprise entre  4,3 et 0,4 % pour les autres états. 

 


Notre curiosité nous a poussé  à tenter de  localiser ces lointains cousins, ici à Terre Neuve sur les routes dites de la francophonie.

 

Pour le Québec c'était facile, mais pour le reste cela paraissait un peu plus compliqué.
 Renseignements pris,  en Nouvelle Ecosse, on nous alors parlé d’acadiens et de villages du même nom.

 

(Carte des villages francophones de Nouvelle Ecosse, Nouveau Brunswick,Terre-Neuve).


Plusieurs voyages  sur ce continent, nous ont permis d’apprendre l’histoire de ce peuple,

des provinces maritimes (Nouvelle Ecosse, Nouveau Brunswick et l’île du Prince Edouard) en passant par Terre neuve, Saint Pierre et Miquelon jusqu’en Louisiane.  



 


Ici au Nouveau Brunswick, les villages francophonesaffichent fortement leurs origines, y compris poteaux téképhoniques et maisons peintes aux couleurs de l'Acadie.


LES ACADIENS

 

En règle générale  tout Canadien avec un nom français peut s’appeler Canadien Français.

Mais il faut faire la différence entre les Canadiens Français  descendants des Français établis au Québec au début du 17ème siècle et les Acadiens descendants de colons français qui se sont établis en Nouvelle-Ecosse à la même époque.
 

Ces derniers,  en 1604 année du premier établissement  en Acadie jusqu’à 1755, la colonie change plusieurs fois de mains  entre la France et l’Angleterre. les habitants ont une existence dite productive, ils cherchent la neutralité et ne sont pas trop déstabilisés par la lutte des empires.

 

Mais en 1755 la guerre entre Français et Anglais est imminente, les autorités britanniques de la Nouvelle écosse demandent alors aux Acadiens de prêter un serment d’allégeance inconditionnel. Les Acadiens dans la crainte de représailles des deux cotés refusent.

 

Un certain Lieutenant Colonel  winslow écrit alors un ordre de déportation dont voici un extrait:

 

«Toutes vos terres et habitations, bétail de toute sorte  sont confisqués par la couronne et tout vos autres biens sauf argent et meubles et vous devez être vous-même enlevés de cette province qui lui appartient »

 

Cet ordre de déportation restera valable jusqu’en 1764.

 

Arrive alors……..

 

LE GRAND DERANGEMENT

 

Ce seront  environ 10 000 hommes femmes enfants qui seront déportés et transportés par bateaux vers les colonies américaines le long de la cote atlantique. Mais le drame c’est que beaucoup de familles seront désunies, les enfants souvent sépares de leurs parents.

 

De nombreux Acadiens périssent dans les bateaux à cause de l’entassement et de la maladie

 

Les neuf colonies américaines qui doivent accueillir les Acadiens n’ont rien prévu à leur intention. De plus dans ces colonies, ils ne sont pas les bienvenus car  ils sont de religion catholique.

 

L’état de Virginie les refoule, 1100 sont renvoyés en Angleterre, en route il y a beaucoup de mortalité.

 la Georgie et la Caroline  du Nord les autorisent à chercher refuge ailleurs. Dans les autres colonies ils sont dispersés en petits groupes.

 

Tous ne se laissent pas faire, certains pour éviter la déportation s’enfuient  dans les territoires éloignés ou en territoire français, d’autres opposent une vive résistance

 

.MIGRATIONS et RETOURS

 

Sur 2 générations les migrations qui suivent la déportation sont complexes, elles ont des destinations diverses telles que l’Europe, les Antilles et même les Iles Malouines

 

Les Acadiens qui s’enfuient au Québec seront plus tard rejoints par des réfugiés de Nouvelle Ecosse, de l’Ile St Jean et des colonies Américaines.

 Un certain nombre de déportés reviennent de France en 1744 et s’installent en Gaspésie. Vers la fin du 18 ème siecle 8 000 Acadiens et Acadiennes vivent au Québec et constituent le tiers de la population.

 

LES CAJUNS 


 
La Louisiane est aussi devenue un point de convergence de leurs migrations

Entre 1763 et 1767  environ 1500 acadiens arrivent des colonies américaines, des Antilles et de la nouvelle Ecosse. Le groupe le plus important environ 1600  arrivent de France en 1785, suivi de groupes moins nombreux Les Acadiens sont les bienvenus dans la colonie espagnole qui a été francaise jusqu’en 1762 et qui voient d’un bon œil les colons catholiques.

 

Aujourd’hui ils sont  700.000 à se revendiquer "cajuns" (diminutif puis défomation du terme «acadien»).


"Un Cajun, c'est d'abord quelqu'un qui parle français."


Mais la transmission de la langue est orale, la majorité ne sait ni la lire ni l’écrire et au cours de nos rencontres avec des Acadiens, ils nous demandaient de leur lire les cartes postales que des touristes de passage leur envoyaient.


Les Acadiens ne pouvaient pas souffrir les Anglais qui les avaient déportés, ils n'avaient aucune envie de parler leur langue. Petits blancs pauvres, ils ne se sentaient par ailleurs aucune affinité avec les riches planteurs esclavagistes,  rejetés par les créoles français qui refusaient de frayer avec ces paysans, mis à l'écart par les américains qui allèrent jusqu'à leur interdire leurs écoles, traumatisés par le "grand dérangement", les Cajuns se sont refermés sur leur unique richesse : leur culture.


Bravant l'interdiction de parler français qui leur fut faite en 1916, ils ont continué de nourrir le souvenir et d'en vivre. 60% des Acadiens n'ont pas survécu à la déportation et la plupart des familles ont éclaté. La seule façon, pour nous, de survivre, était de proclamer chaque jour notre attachement aux racines françaises. Et de se souvenir de ses grands parents, nés au début du siècle, qui affichaient ostensiblement leur incompréhension de l'anglais.

Ce combat pour la langue s'est longtemps accompagné d'un double enracinement Français, particulier à la Louisiane. Juridique d'une part, puisque c'est le seul Etat américain qui soit administré par le Code civil napoléonien. Religieux d'autre part, puisque, à la différence de l'ensemble du territoire, c'est une terre profondément catholique.
 

Ces différences ont longtemps fait de cet Etat, un rebut des Etat-Unis triomphants, une sorte de réserve ethnologique où l'on prétendait que survivaient des drôles d'habitants, à la limite de l'arriération. " Ce mépris nous a aidés à survivre, soutient la présidente enthousiaste de l'association des Bed & Breakfast .(Les québecquois eux, disent couette et café) francophones Il a fouetté notre orgueil, nous a convaincus que nous étions différents, nous a renforcés dans la certitude de préserver ces différences. »


Le déclin de  la langue française.

Le XXème siècle n'a pas été tendre avec les Cajuns. Le tout anglais a progressivement gagné du terrain. Les grands-parents qui faisaient de la résistance passive se sont éteints, et les petits-enfants n'ont pas hérité de leur vigilance, comprenant que la Louisiane ne pouvait pas vivre en circuit fermé.

L'accession à des moyens de transport rapides et l'ouverture au monde ont brisé les scellés apposés au monde cajun. « la voiture et la télé, voilà ce qui nous a tués »,disent certains.

 Dans les années 50, de formidables richesses pétrolières découvertes dans le sol de Louisiane ont fait de cet Etat un partenaire économique essentiel de l'Etat fédéral et a accentué son intégration américaine.

 Pourtant, certains se battent encore avec l'énergie du désespoir.

 L'Etat fédéral américain a reconnu, en 1995, la légitimité du drapeau acadien

(bleu, blanc, rouge et or, avec les lys de la couronne française et l'étoile de la Vierge), qui flotte au fronton des bâtiments officiels. Créé dans les années 70, le Codofil (Conseil pour le développement du français en Louisiane) s'est donné pour mission de sauver la langue française. Il a monté des programmes scolaires d'immersion pour les jeunes générations.

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A
bonjour les cousins !acadiens ou cajuns j'ai un souvenir d'avoir lu un bouquin sur les cajuns !!!il y a lontemps !!! bonne aventure !!!!
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L
Bonsoir Marcel, bien reçu le nouvel article.<br /> Je pense qu'il vaut mieux être né français en france au XX éme sciécle que francais Acadien au 17éme siécle, il fallait vraiment être courageux, et fiére d'être français!
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